Le jeudi 22 février, dans la salle de parement.
Seconda Udienza Pubblica (22 Febbraio 1431) :
Continua
Prima Parte
L’ÉVÊQUE. – Nous vous requérons et admonestons, sous les peines du droit, de faire le serment que vous avez prêté hier, et de jurer, simplement et absolument, de dire vérité sur tout ce qui vous sera demandé en la matière pour laquelle vous êtes ici déférée et diffamée.
(Vi richiediamo e vi ammoniamo, a norma di legge, di fare il giuramento che avete fatto ieri, e di giurare, semplicemente e assolutamente, di dire la verità su tutto ciò che vi sarà chiesto, sulla materia per la quale siete stata accusata e arrestata)
JEANNE. – J’ai fait serment hier, et il doit suffire.
(Ho giurato ieri, e ciò deve bastare)
L’ÉVÊQUE. – Nous vous requérons de jurer. Car nul, même prince, requis en matière de foi, ne peut refuser de prêter serment.
(Vi imponiamo di giurare. Perché nessuno, neanche un principe, richiesto su materie di fede, può rifiutarsi di giurare)
JEANNE. – Je l’ai fait hier, votre serment. Il vous doit bien suffire. Vous me chargez trop.
(L’ho fatto ieri il giuramento che mi chiedete. Deve bastarvi. Non mi importunate troppo)
L’ÉVÊQUE. – Jurez de dire vérité sur ce qui touche la foi.
(Giurate di dire la verità su ciò che concerne la fede)
JEANNE. – Je jure de dire vérité sur ce qui touche la foi.
(Giuro di dire la verità su ciò che attiene alla fede)
L’ÉVÊQUE. – Que maître Jean Beaupère, insigne professeur de sacrée théologie, interroge Jeanne.
(Che il maestro Jean Beaupère, insigne professore di sacra teologia, interroghi Jeanne)
JEAN BEAUPÈRE. – Tout d’abord je vous exhorte à dire vérité sur ce qu’on demandera, comme vous l’avez juré.
(Come prima cosa, vi esorto a dire la veità su ciò che vi sarà chiesto, come avete giurato)
JEANNE. – Vous me pourriez bien demander telle chose sur laquelle je répondrais vérité, et sur une autre je ne la répondrais pas. Si vous étiez bien informés de moi, vous devriez vouloir que je fusse hors de vos mains. Je n’ai rien fait fors par révélation.
(Potreste chiedermi qualcosa su cui io dirò la verità, e un’altra su cui non la dirò. Se foste ben informato su di me, dovreste volere che io fossi fuori dalle vostre mani. Non ho fatto niente, se non dopo una rivelazione)
JEAN BEAUPÈRE. – Quel était votre âge quand vous avez quitté la maison de votre père ? (A quale età avete lasciato la casa di vostro padre ?)
JEANNE. – De mon âge je ne saurais déposer.
( Sulla mia età, non so rispondere)
JEAN BEAUPÈRE. – Dans votre jeunesse avez-vous appris quelque métier ?
(Nella vostra giovinezza, avete appreso qualche mestiere ?)
JEANNE. – Oui, à coudre panneaux de lin, et à filer, et je ne crains femme de Rouen pour filer et coudre.
(Sì, a cucire teli di lino, e a filare, e a Rouen non sono inferiore a nessuna donna nel filare e cucire)
JEAN BEAUPÈRE. – N’avez-vous pas quitté une fois la maison de votre père ?
(Non avete lasciato una volta la casa di vostro padre ?)
JEANNE. – Par crainte des Bourguignons, j’ai quitté la maison de mon père, et suis allée dans la ville de Neufchâteau, en Lorraine, chez une certaine femme, surnommée la Rousse, où j’ai demeuré environ quinze jours.
(Per paura dei Borgognoni, ho lacaito la casa di moi padre, e sono andata nella città di Neufchâteau, in Lorena, da una donna, chiamata la Rossa, dove sono rimasta quindici giorni)
JEAN BEAUPÈRE. – Que faisiez-vous quand vous étiez dans la maison de votre père ?
(Cosa facevate, quando eravate nella casa di vostro padre ?)
JEANNE. – Quand j’étais dans la maison de mon père, je vaquais aux besognes familières de la maison, et je n’allais pas aux champs avec les brebis et autres bêtes.
(Quando ero nella casa di moi padre, attendevo ai bisogni della famiglia, e non andavo nei campi con le pecore e le altre bestie)
JEAN BEAUPÈRE. – Confessiez-vous vos péchés chaque année ?
(Vi confessavate una volta l’anno ?)
JEANNE. – Oui, et à mon propre curé. Et quand le curé était empêché, je me confessais à un autre prêtre, avec le congé dudit curé. Quelquefois aussi, deux ou trois fois, à ce que je crois, je me suis confessée à des religieux mendiants. Et c’était dans ladite ville de Neufchâteau. Et je recevais le sacrement d’eucharistie à la fête de Pâques.
(Sì, dal mio curato. E quando lui era impegnato, mi confessavo da un altro prete, con il consenso dello stesso curato. Qualche volta, duo o tre, a ciò che ricordo, mi sono confessata da religiosi mendicanti. E ciò avveniva nella predetta città di Neufchâteau. E facevo la Comunione a Pasqua)
UN ASSESSEUR. – Receviez-vous le sacrement d’eucharistie aux fêtes autres que Pâques ? (Facevate la Comunione in altre Feste, oltre la Pasqua ?)
JEANNE. – Passez outre.
(Passate oltre)
JEAN BEAUPÈRE. – Quand avez-vous commencé à ouïr ce que vous nommez vos voix ? (Quando avete cominciato a sentire ciò che voi chiamate le Voci ?)
JEANNE. – Quand j’eus l’âge de treize ans, j’eus une voix de Dieu pour m’aider à me gouverner. Et la première fois, j’eus grand’peur. Et vint cette voix environ l’heure de midi, au temps de l’été, dans le jardin de mon père. Je n’avais pas jeûné la veille. J’ouïs la voix du côté droit vers l’église, et rarement je l’ouïs sans clarté. En vérité il y a clarté du côté où la voix est ouïe, il y a là communément une grande clarté. Quand je vins en France, souvent j’entendais cette voix.
(A tredici anni, sentii una voce da Dio che mi aiutava a comportarmi. La prima volta, ebbi una grande paura. Fu a mezzogiorno, in estate, nel giardino di mio padre. Ero digiuna dalla vigilia. Udii la voce (che veniva) da destra, dalle parti della chiesa, e la udii con chiarezza. Sono sicura da quale parte veniva, molto sicura. Quando sono arrivata in Francia, sentivo spesso questa voce)
JEAN BEAUPÈRE. – Comment voyez-vous la clarté que vous dites quand cette clarté est sur le côté ?
(Come fate a essere così sicura di questa voce, se la vostra sicura riguarda la direzione da cui veniva la voce? )
JEANNE, sans répondre. – Si j’étais dans un bois, j’entendrais bien la voix venant à moi.
(Senza rispondere – Se fossi in un bosco, capirei bene la voce da dove mi arriva)
JEAN BEAUPÈRE. – Comment était cette voix ?
(Com’era la voce ?)
JEANNE. – II me semblait que c’était une digne voix, et je crois que cette voix était envoyée de par de Dieu. Lorsque j’eus ouï par trois fois cette voix, je connus que c’était la voix d’un ange. Cette voix m’a toujours bien gardée, et je comprenais bien cette voix.
(Mi sembrava una voce degna, e credo che fosse stata mandata da Dio. Dopo averla udita tre volte, capii che era la voce di un angelo. Questa voce mi ha sempre protetto, e la capivo bene)
JEAN BEAUPÈRE. – Quel enseignement vous donnait cette voix pour le salut de votre âme ? (Quale consiglio vi dava per la salvezza della vostra anima ?)
JEANNE. – Elle m’enseigna à me bien conduire, à fréquenter l’église. Elle me dit qu’il était nécessaire que je vinsse en France.
(Mi raccomandava di comportarmi bene, a frequentare la chiesa. Mi disse che era necessario che io venissi in Francia)
UN ASSESSEUR. – Sous quelle forme cette voix vous est-elle apparue ?
(Sotto quale forma vi é apparsa questa voce ?)
JEANNE. – Vous n’aurez pas cela de moi, cette fois. Cette voix me disait, deux ou trois fois la semaine, qu’il fallait que je partisse et que je vinsse en France, et que mon père ne sût rien de mon départ. La voix me disait de venir en France, et je ne pouvais plus durer où j’étais. Cette voix me disait encore que je lèverais le siège mis devant la cité d’Orléans. Elle me dit en outre d’aller à Robert de Baudricourt, dans la ville de Vaucouleurs, et qu’il me baillerait des gens pour aller avec moi. Et alors je répondis que j’étais une pauvre fille qui ne savait monter à cheval ni mener la guerre. J’allai chez un mien oncle, et lui dis que je voulais demeurer quelque menu temps chez lui. Et j’y demeurai environ huit jours. Et je dis alors à mon oncle qu’il fallait que j’allasse en ladite ville de Vaucouleurs. Et mon oncle lui-même m’y mena. Quand je fus venue en ladite ville de Vaucouleurs, je reconnus Robert de Baudricourt encore que je ne l’eusse jamais vu auparavant. Je reconnus par cette voix ledit Robert, car la voix m’avait dit que c’était lui. Et je dis à Robert qu’il fallait que je vinsse en France. Robert par deux fois me repoussa et me refusa, et la tierce, il me reçut et me bailla des hommes. La voix m’avait dit ce qui arriverait.
(Su questo non risponderò, per adesso. La voce mi diceva, due o tre volte la settimana, che dovevo partire e venire in Francia, e che mio padre non doveva sapere niente della mia partenza. La voce mi diceva di venire in Francia, e non resistevo a restare dov’ero. La voce mi diceva anche che avrei tolto l’assedio dalla città di Orléans. Mi disse anche di rivolgermi a Robert de Baudricourt, nella città di Vancoulers, che mi avrebbe dato delle persone per venire con me. Risposi che ero una povera ragazza, che non sapeva montare a cavallo, né fare la guerra. Andai allora da un mio zio, e gli dissi che sarei rimasta un po’ da lui. Vi restai otto giorni, dopodiché gli dissi che dovevo andare nella città di Vancoulers, e lui mi ci condusse. Quando arrivai a Vancoulers, riconobbi Robert de Baudricourt, anche se non l’avevo mai visto prima. La voce mi disse che era Robert. Io dissi a lui che dovevo venire in Francia. Robert mi cacciò per due volte. La terza, mi ricevette e mi diede degli uomini. La voce mi aveva detto ciò che stava per accadere)
JEAN BEAUPÈRE. – Que dites-vous au duc de Lorraine ?
(Cosa avete detto al duca di Lorena ?)
JEANNE. – Le duc de Lorraine manda qu’on me menât à lui. J’y allai, et je lui dis que je voulais aller en France. Il m’interrogea sur la recouvrance de sa santé. Mais moi, je lui dis que, de cela, je ne savais rien. Je parlai peu au duc de mon voyage. Toutefois, je dis au duc de me bailler son fils et des gens, pour me conduire en France, et que je prierais Dieu pour sa santé. J’étais allée sous sauf-conduit vers le duc, d’où je revins à la ville de Vaucouleurs.
( Il duca ordinò che fossi condotta in sua presenza. Avvenuto ciò, gli dissi che volevo venire in Francia Mi chiese sul recupero della sua salute. Io gli dissi che di ciò non sapevo niente, ma gli parlai del mio viaggio, a proposito del quale gli dissi di farmi accompagnare da suo figlio e da altri uomini, affinché mi conducessero in Francia, e che avrei pregato per la salute. Ero andata dal duca con un salvacondotto, e da lì tornai a Vancoulers).
Fine I Parte della Seconda Seduta Pubblica/Continua